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L'Intelligence Détournée: la face cachée des outils

February 26, 2025

Chaque semaine, une nouvelle avancée en intelligence artificielle vient secouer le paysage technologique, redéfinissant ses capacités, ses ambitions et ses usages. Cette fois, c’est Claude qui fait parler de lui. Anthropic vient de dévoiler Claude 3.7 Sonnet, une itération qui marque un bond spectaculaire dans le raisonnement des modèles de langage.

Ce qui distingue particulièrement Claude 3.7, c’est son approche hybride du raisonnement. Là où d’autres modèles, comme ceux d’OpenAI, compartimentent réflexion rapide et pensée approfondie en systèmes distincts, Claude intègre ces deux dynamiques en une seule entité. Comme le souligne Anthropic, cette conception s’inspire du cerveau humain, qui jongle naturellement entre intuition fulgurante et analyse patiente. Résultat ? Une expérience plus fluide, des réponses plus cohérentes et une capacité à s’adapter aux exigences les plus pointues.

Des chiffres qui parlent

Les benchmarks confirment cette montée en puissance : sur SWE-Bench, un test de programmation en conditions réelles, Claude 3.7 Sonnet atteint 62,3 % de précision, surpassant largement le modèle o3-mini d’OpenAI (49,3 %). Sur TAU-Bench, qui évalue l’interaction avec des utilisateurs simulés, il affiche un impressionnant 81,2 %, devançant le modèle o1 d’OpenAI (73,5 %).

Un défi fou : écrire un livre en une journée

Habituellement, j’utilise Claude pour la programmation – je le trouve plus rigoureux et précis sur ce terrain. Mais cette fois, j’ai voulu sortir des sentiers battus. Une idée me trottait dans la tête depuis quelques jours, et j’ai décidé de tester les limites du modèle de façon radicale : écrire un livre en une journée avec son aide.

Douze heures de travail intense. Une immersion totale. Chapitre après chapitre, nous avons bâti une structure, exploré des thématiques, raffiné chaque phrase.

Tout est parti d’une réflexion personnelle : cette étrange habitude humaine de détourner les objets de leur fonction première. Pourquoi utilisons-nous un tournevis pour ouvrir une boîte de peinture ? Pourquoi un livre devient-il un repose-tasse ? Ce penchant instinctif pour l’usage impropre m’a toujours fasciné. Et Claude a immédiatement perçu la profondeur de cette question. Nous nous sommes plongés dans l'exploration du sujet sous des angles anthropologique, psychologique, historique et éthique.

Un processus aussi rigoureux qu’effervescent

Malgré la contrainte temporelle, notre méthodologie est restée exigeante. Chaque chapitre a suivi le même rituel :

  1. Je définissais les grandes lignes, en intégrant des anecdotes et des références qui me sont chères.
  2. Claude produisait une première ébauche, que nous affinions en dialogue constant.
  3. J’ajustais, questionnais, recadrais, tandis que Claude réagissait avec précision et souplesse.

J’ai plusieurs fois pris la plume pour insuffler mon style, tout en partageant mes influences : Leonardo Sciascia et sa vision de Majorana, Ursula K. Le Guin et son taoïsme subtil, Claude Lévi-Strauss et sa grille anthropologique, Heidegger et sa phénoménologie, Francisco Ferrer et sa pédagogie libertaire, sans oublier une touche dystopique avec le film Automata.

Mais ce fut un véritable échange : Claude m’a surpris en enrichissant le texte avec des références que je ne connaissais pas. Il a intégré les dernières études en neurosciences cognitives sur la fixité fonctionnelle, les travaux de Shannon Vallor sur l’éthique technologique, les recherches de Sherry Turkle sur nos relations aux machines, et même les récentes avancées en conception de circuits par intelligence artificielle.

Quand l’IA devient un véritable co-auteur

Ce qui m’a frappé, c’est la capacité de Claude à faire dialoguer ces sources hétéroclites sans perdre de vue le fil conducteur. Un équilibre subtil entre rigueur et accessibilité. Une construction fluide, où mes intuitions personnelles s’entrelacent avec des analyses pointues.

Le livre final, composé de dix chapitres, explore ce paradoxe fascinant : cette même faculté humaine de détourner nos outils – clé de l’innovation – pourrait bien être aussi notre plus grand danger face aux technologies les plus puissantes jamais conçues.

Je publierai progressivement ces chapitres sur mon blog dans les semaines à venir, en commençant par l’introduction. Ce projet soulève naturellement des questions vertigineuses : Qu’est-ce que créer à l’ère de l’IA ? Où commence et où finit l’auteur ? Comment repenser notre rapport aux machines dans le processus créatif ?

Si ces interrogations vous intriguent, je serais ravi d’échanger avec vous. Après tout, ce livre est né d’un dialogue. Pourquoi ne pas continuer la conversation ensemble ?